Janus Vasseur, ou bien "comment tomber dans les profondeurs de la Terre".

Ne pleure pas en public, ne fume pas, ne boit pas, ... Mais enfin, Janusz, tiens-toi mieux que cela si tu veux que ton père soit fier de toi ! Il ne faut pas m'en vouloir, je n'avais que dix ans et apparaître dans les banquets donnés en l'honneur de mon Président de père n'était pas ce que j'appréciais le plus. Grandir dans les traces d'un père trop parfait et surtout trop absent, ce n'est pas chose aisée, mais je ne peux pas le blâmer d'avoir si mal grandit... Il n'empêche que j'avais tout de même fière allure, sur les rares portraits que l'on avait fait de nous... Ils avaient même été publiés dans les journaux avec le commentaire parfait de l'un des pires journalistes des Amériques. Pourtant, cela ne m'a pas apporté la satisfaction de Maman, qui a encore trouvé à critiquer sur la façon dont je me tenais... Trop provoquant, cette fois ! J'ai pourtant tout essayé pour la satisfaire, mais c'est vraiment difficile.

Tout ce cinéma m'a forcé à partir... Si ma vie se résumait à me tenir droit sans broncher, même bien après que les flaschs aient finit de crépiter, elle ne valait pas la peine d'être vécue comme cela. Personne ne voulait d'un homme comme moi en temps que fils de l'un des Président des USA. Je n'avais décidément pas le profil. J'étais le Dom Juan des femmes, le dealer des jeunes... et par moments, le fils du Président. C'étaient trois personnalités qui se succédaient dans mon corps, trois personnalités que je ne contrôlais pas toujours. Ce n'était pas assez, tout ce que je faisais pour lui, alors je m'en suis allé vers d'autres horizons. Ils étaient bien plus prometteurs, surtout que je venais d'être diplômé de l'une des meilleures universités d'aéronautique de tout le pays. Cela m'ouvrait bien des portes, et même si je ne voulais pas construire des châteaux en Espagne, ce diplôme me serait bien utile.

J'aurais pu avoir un poste de pilote dans la très renommée "NYC airlines", mais là n'était pas la voie de ma destinée. Destinée que je recherchais avidemment... J'ai donc survolé l'Europe pour une compagnie bien plus modeste. J'en ai parcouru, des morceaux de ciel, la tête dans les nuages et les mains posées sur les commandes de mon appareil. J'étais fier de ce que j'accomplissais, cela me suffisait amplement. Et lors d'une mission où je devais survoler un archipel particulièrement dépeuplé, j'ai décidé de tout arrêter. À quoi bon continuer dans les faux-semblants ? Ce n'était pas moi qui avait choisi d'étudier les lois de l'aéronautique, ni même de piloter des avions... Bien sûr, cela me donnait un sentiment de domination, etc, mais non, je n'avais rien choisi de cela. Je devais justement atterrir à Canton et laisser le vol à un autre pilote qui lui mènerait l'avion jusqu'en Amérique tandis que je reprenais un vol pour n'importe où... N'importe où, mais maintenant je savais ce que cela signifiait.

Le vent était langoureux, et il m'avait posé quelques difficultés pour atterrir. je pense que certains de mes passagers avaient vu leur dernière heure arriver, malgré le fait que j'avais mené ma mission à bien, ils avaient quand même été un peu secoués. J'avoue, je les avais tout de même un peu promenés avant d'atterrir... Vous me blâmerez si je vous dit que j'avais une terrible envie de découvrir en gros l'archipel avant de l'y poser pour ... l'éternité, qui sait ? Non, vous ne me blâmerez pas, parce que personne ne s'en est rendu compte, si ce n'est mon meilleur ami qui avait posé son gros derrière dans l'un des sièges de la tour de contrôle ! Lui, il ne me dira rien.